Coup de maître |
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Lire
est le propre de l'homme. De l'enfant lecteur au libre électeur. |
Cinquante
écrivains et illustrateurs pour l'enfance et la jeunesse à l'école des
loisirs livrent leurs témoignages et réflexions. Ils rappellent l'importance
du livre dans le développement de l'enfant et de l'adolescent, ainsi que le
lien vital qui existe entre lecture, éducation, liberté et, donc, démocratie.
Car l'enjeu est bien là : c'est l'éducation du sens critique qui donne aux
lecteurs la liberté de choisir et leur assure d'être demain des femmes et des
hommes libres. Ce
livre est désormais disponible en téléchargement au format PDF
ou en commande (dans la limite de deux exemplaires par commande).
http://www.lirelire.org/ |
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Voici
quelques citations : (…) Parce
que quand j'aime, je suis avec mes héros. Je suis dans mon lit de trappeur,
dans ma cabane faite de gros rondins de bois brut, j'entends hurler le vent. Mais
je suis au chaud protégé par le talent de mes amis discrets et passionnants,
les auteurs. Plus d'un
demi-siècle plus tard, rien n'a changé. D'autres amis se sont ajoutés à cette
première liste. Toujours aussi discrets, toujours aussi passionnants. Je n'ai
plus peur. Je sais qu'une inépuisable chaîne d'amie m'attend. Arthur Hubschmid (…)La lecture n'est pas un loisir qu'on puisse
comparer au cinéma ou au jeu vidéo, c'est une nécessité de chaque jour, c'est
le passeport pour l'insertion dans notre société et c'est ce qui donne accès
à la liberté, liberté de parler, de penser, de circuler. Je me
souviens de ce cri de mon fils aîné quand je lui avait parlé de ces milliers, de ces centaines de
milliers de Français qui ne savait pas lire. -
Mais c'est affreux, on les a abandonnés ! Trente
années ont passé, rien n'a changé. Ce n'est pas la lecture qui est en danger,
ce sont les illettrés. Marie- Aude Murail (…) C'est
là, à la portée de la main, ça ne tombe jamais en panne, ça tient au creux de
la paume, c'est un miroir, une machine à remonter le temps, une porte ouverte
sur l'autre, c'est un livre. Agnès Desarthe (…) Élevons
nos enfants dans une furie de livres. Le papier imprimé représente pour eux une
chance qu'il faut leur faire courir. Notre devoir est de les gaver de
littérature. Ils ont une
faim de loup, un estomac d'autruche et, devant eux, un avenir d'autant plus
prometteur que Balzac et Proust les y attendront de pied ferme. (…). Boris Moissard (…)Les
livres étaient une forêt magique où chaque arbre invitait à une aventure. Je
n'étais plus seul, je n'avais plus peur, ou plutôt j'étais seule, mais cela
n'avait rien d'angoissant.(…) Valérie Zenatti (…) Ne
sachant pas encore lire, j'inventais, au fil des pages, des histoires autour
des images que je découvrais. Quelque temps plus tard, je compris que les
lettres collées les unes aux autres formaient des mots, les mots des phrases,
et que tout cela avait un sens : je lisais ! Les livres prirent alors une
dimension tout à fait différente pour moi : je découvrais une autre voix que
la mienne, une autre pensée. Lire me stimulait, reliait toute mon énergie
positive, réconciliait ma raison mes instincts. J'aimais ou je n'aimais pas,
je réagissais, je réfléchissais.(…) Stéphanie Blake Les livres,
les histoires, sont les gardiens d'un héritage de l'humanité… On se transmet
des histoires depuis l'éternité, ou presque. Ce sont toujours les mêmes. Un
album c'est très complet. Il y a l'image : la compréhension visuelle, une
vision du monde … Et le texte, la langue, la subtilité, la compréhension
intime des choses… En profondeur. Le son ? C'est un père ou une mère qui lit
? Des grands-parents ? Les professeurs ? Ou le son de sa petite voix
intérieure ? Il faut la développer, l'autoriser à suivre les mots – et
peut-être mieux l'apprivoiser. Il faut des livres de qualité. C'est
l'essentiel. (…) Nous sommes
juste des récepteurs d'histoires. Notre travail, c'est de les restituer au
mieux, par rapport à notre époque, au monde dans lequel nous vivons. C'est
comme une immense chaîne d'histoires. (Kitty Crowther) (…) Je ne
sais pas pourquoi j'écris, et les enfants ne savent pas pourquoi ils lisent.
Mais la rencontre produit du sens. L'ambition la plus grande serait d'imaginer
qu'un livre peut changer le cours d'une vie. (…) Nathalie Kuperman Nous sommes
bien d'accord. La lecture est le premier instrument de la liberté et elle est
la première chose à défendre. Et défendre la lecture, c'est d'abord défendre
la liberté de la lecture. Et, donc, pour commencer, les moyens d'y accéder. Ces moyens,
c'est l'école, nous sommes toujours d'accord. Et donc une bonne politique de
l'école, avec de l'argent et une pédagogie appropriée pour la conduire. (…) Lire sert à
tout. Et toute politique doit commencer par une politique de la lecture. Christian Oster Il me semble
que rien ne prépare mieux à tenir tête (à la meute, à la peur, à l'autorité,
à l'existence même) que l'expérience solitaire de la liberté, et,
franchement, quel meilleur champ d'exercice, plus vaste, plus divers, plus
sauvage, plus scandaleusement personnel, que la lecture ? Marie Desplechin Les enfants
possèdent la connaissance dans le ventre de leur mère, dit le Talmud. Le
mystère de la vie et le mystère du temps n'ont pas de secrets pour eux. Mais,
quand ils viennent au monde, un ange pose un doigt sur leurs lèvres et
murmure : «Maintenant oublie tout ce que tu sais. Tu es sur la Terre pour
apprendre, partager, et transmettre, tu es sur la Terre pour demander, et recevoir.» Regarde et
écoute. C'est ce que
disait à son fils la mère de Charlie Chaplin : «Regarde et écoute, il
n'existe rien d'autre que cela.» Regarde et
écoute, une autre manière de dire : lis et écris ! Fais confiance aux
livres(…) La
littérature est un fleuve. À sa source, se trouvent les livres qu'a aimés un
enfant. Geneviève Brisac Lire est une
clé; des portes s'ouvrent à l'intérieur de soi, comme à l'extérieur. C'est
donc ensemble là, maintenant, que, tous, nous devons continuer à encourager
ces initiatives, continuer à bâtir, à construire un grand pont fait de livres
car on ne peut priver personne de ces échanges, de ces voyages porteurs de
fruits…, les fruits étranges et brillant de l'art, les fruits de la lecture. Gisèle Bienne (…) Je
prenais un livre et j'entrais en communion avec quelqu'un qui n'était pas moi
et me délivrait un instant de mon identité. Lire, c'était, et c'est toujours,
simultanément, un mouvement d'ouverture et un mouvement de retrait. Pendant
le temps de ma lecture, je me retirais du monde, de ses stéréotypes, et
j'accueillais des imaginaires singuliers, si différents du mien et parfois si
proche. (…) Brigitte Smadja |